Le jeune écrivain guinéen Mambi Magassouba, auteur de Sadakal et Tant d'errances, devient le parrain de notre association. À nos côtés, il contribuera à promouvoir la lecture et la littérature auprès des enfants en Guinée.
Interview avec notre nouveau parrain.
Racontez-nous votre parcours ?
Je suis né à Conakry. J'y ai effectué toute ma scolarité, de la maternelle au lycée. Deux ans après le baccalauréat, je suis allé en France pour étudier. J’ai suivi des études en gestion des ressources humaines et en droit des affaires, à l’Université Paris X Nanterre et à l'école de commerce Inseec à Paris. Je suis revenu en Guinée en 2016. J’ai travaillé durant trois ans en tant que Responsable des ressources humaines au sein d'UMS, société de transport minier, avant d’y être promu Responsable juridique et de la conformité.
Comment vous est venue l’envie d’écrire des livres ?
Jusqu’au lycée, je n’aimais pas lire. L’amour du livre et le plaisir de lire me sont venus quand j’ai entamé mes études en France ; surtout quand je me suis rendu compte de la place occupée par les écrivains dans la culture et l’histoire française. Tous les jours en prenant le métro pour l’université, je remarquais qu’autour de moi la majorité des gens avaient la tête plongée dans un livre. Un peu par mimétisme, pour mettre mon temps de trajet à profit, je me suis intéressé à la littérature en commençant par les grands auteurs guinéens, puis africains, avant de m’ouvrir à ceux d’ailleurs. Et c’est après la lecture de L’Idiot et Les Démons de Dostoïevski que je me suis senti le droit d’écrire.
Vous avez ainsi fait vos premiers pas en littérature en publiant plusieurs poèmes, avant de signer votre premier roman, Sadakal, en 2014, puis Tant d'errances, en 2020, nominé au Prix Ahmadou Kourouma.
En tant que jeune écrivain, ayant vous-même découvert la littérature tardivement, que pensez-vous du rôle des livres dans l'éducation des enfants en Guinée ?
Le rôle de la littérature et celle de la culture plus généralement parlant est immense. Tous les grands peuples, tous les grands pays, leur accordent une place prépondérante. On leur alloue d’importants budgets. En Afrique, on ne cesse de parler de développement alors que son moteur est le capital humain.
"Nous n’avons pas de meilleure option : il faut de vraies politiques pour la promotion de la culture et de la littérature."
Il faudrait revoir la méthode d’enseignement, d’introduction à la littérature. Je me rappelle qu’au tout début du collège, on me fît lire Germinal d’Emile Zola… à ne rien y comprendre. Il est vrai qu’il s’agit là de grande littérature, de chef d’œuvre, mais comment captiver un enfant avec des livres complexes, décrivant des réalités complètement étrangères, alors qu’on n’a pas encore abordé avec lui le quart des classiques guinéens et africains ? Nous n’avons pas beaucoup d’auteurs classiques, mais cette crème nous a légué de véritables chefs d’œuvres. Et c’est injustement que très souvent, on leur préfère des auteurs étrangers qui ne sont pas forcément plus talentueux. Pour une meilleure méthode d’enseignement, je pense qu’il faut d’abord familiariser les plus jeunes aux « grands » auteurs de leur pays, de leur continent, avant de s’ouvrir à la littérature étrangère, à la grande littérature.
"C'est pourquoi le projet de Lire sous le baobab ainsi que l'amour que j'ai pour la littérature me donnent envie d'être le parrain de votre association afin d'aider les plus jeunes dans cette aventure."
Comentarios